lundi 27 juin 2011

C'est partiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

Après avoir du faire la soutenance de mon paper en anglais devant 20 personnes pendant 35 min (exercice terrifiant), me voilà en vacances! (A l'occasion je vous mettrai le paper en ligne quand j'aurai compris comment je peu faire ça). Je pars donc ce soir avec Matthieu dans la vallée de Spiti (je vous ai fait un plan). C'est des routes dans l'Himalaya ouvertes 3 mois par an, à la frontière avec le Tibet. En bus c'est la grosse galère car c'est très long et ils conduisent dangereusement,on s'était donc mis en tête qu'on allait le faire à moto. On a voulu louer une moto pour essayer à Delhi (moi j'avais conduis une seule fois et Matthieu jamais). Matthieu a pris la moto et a foncé dans un petit magasin donc le propriétaire sikh est revenu sur son accord de nous louer sa moto mais a accepté de nous donner des cours (et gratuitement!!). On a donc pris environ 6 à 7 cours, moi j'ai moins conduit car ils ont du mal à accepter qu'une femme veuille conduire une moto. Matthieu gère plutôt bien là (moi je conduirai que si besoin est...!) donc on pense faire une boucle à partir de Shimla (la boucle en pointillés sur le plan) en moto. Ensuite on va au Népal où la soeur, et frère et le cousin de Matthieu nos retrouvent. On a prévu de passer une semaine au Népal, puis direction Darjeeling et Calcutta, et retour via Varanasi et Agra. On devrait faire tout en train et revenir à temps pour notre avion le 26 juillet. Je vous mettrai des photos si possible toutes les semaines.

lundi 20 juin 2011

Inégalites en Inde (3): Ou sont les filles?


Ce post va me permettre de faire d’une pierre deux coups : vous parler (un peu) de mon stage et discuter un peu d’un autre aspect de la société indienne : la discrimination envers les filles. Comme je l’avais dit plus tôt, je travaille sur la santé dans un village de l’Uttar Pradesh. Apes avoir décrit l’état général de santé (très mauvais) du village, je travaille maintenant sur la mortalité infantile. Pour se faire, j ai change de questionnaire pour étudier un questionnaire qui était entièrement dédie aux femmes.  Je vous conseille le rapport d’une stagiaire sur les femmes (http://www.csh-delhi.com/publications/downloads/articles/Women_rosalinda_coppoletta.pdf), c’est en anglais mais très clair et intéressant (et compréhensible pour les non-économistes). Je reprends quelques faits  sur Palanpur: 83% des femmes sont illettrées, les femmes ont une autonomie extrêmement limitée, la plupart ne se connaissent pas et n’ont pas d’amis, et souvent elles n’ont pas le droit de se déplacer seules, même pour voir le médecin du village. Ce qui m a choquée le plus, c’est que 60% sont battues par leurs maris et (pire !) 75% pensent que c’est légitime qu’il la batte si elle a été désobéissante ou n’a pas fait les taches ménagères. Je vous laisse lire le rapport de Rosalinda pour plus de détails… Mais revenons-en a la mortalité infantile, qui est le nombre d’enfants morts avant leurs 1 an divisé par le nombre d’enfants nés dans l’année. C’est une mesure assez utilisée comme indicateur général de la sante et du développement d’une population.  L’Inde se range aujourd’hui 51e mondial  avec une mortalité infantile de  47.57 pour 1000 (en France : 3.29…). A Palanpur, après avoir fait quelques petits tours de passe-passe statistiques (et après avoir galéré a comprendre les « survival statistics »), j’ai trouvé une mortalité de 93 pour 1000 sur la dernière décennie. Il y a donc un enfant sur 10 qui meurt avant un an, et cela ne prend même pas en compte les fausses couches ou les mort-nés. Diarrhée, tétanos, magie noire, fièvre sans possibilité d’aller consulter un médecin…diverses raisons sont avancées par les familles. 

Mais ce qu’il y a encore de plus surprenant, c’est ce graphique que j’ai fait, et dont on retrouve la tendance dans l’Inde ne général. En ordonnée, la probabilité de survie d’un enfant. A partir de un an, quel décrochage pour les filles….Je me suis demandée pourquoi ce n’était pas le cas avant un an mais que nenni ! Dans le reste du monde, les filles sont plus résistantes que les garçons et la mortalité des garçons est partout supérieure a celle des filles (comme exemple : le Pakistan avec 60 pour 1000 pour les filles vs 66 pour les garçons et la Chine avec 16.6 pour les filles vs 25.3 pour les garçons). Donc, pas d’inquiétude, les filles meurent aussi de façon anormale avant un an a Palanpur (et en Inde en général), car elles devraient avoir une courbe de survie au-dessus de celle des garcons, ce qui n’est pas le cas. Pourquoi cela ? Les filles sont moins bien nourries, sont moins emmenées chez le docteur si nécessaire etc. Avoir une fille à marier est en effet un fardeau pour les familles, car elles doivent apporter une dot conséquente (c’est la première cause d’endettement en Inde), les filles ne gagnant pas non plus de revenus, et quittant le foyer familial au mariage…c’est une perte à tous les niveaux. Cela parait assez optimiste de la part de l’Inde de vouloir baisser la mortalité infantile tout en augmentant l’égalité homme-femme (deux choses liées aux Objectifs du Millénaire pour le Développement) sans s’attaquer a ce système de dot… Je pourrais écrire encore des pages et des pages sur ce sujet mais je dois retourner à l’écriture de mon rapport, mon stage se terminant dans une semaine.  Je suis contente que cela se termine, j’ai beaucoup appris, mais c’est perturbant et démoralisant de traiter des bases de données ou  presque toutes les lignes vous avez une indication « famille n. 10112, enfant n.2 mort de rougeole,  enfant n.4 mort de diarrhée, enfant n.7 et 8 mort-nés… ».  Il en faut des gens pour passer leurs journées devant leurs ordis à commenter ca, je comprends que ca puisse être stimulant intellectuellement, mais j’ai l’impression d’être totalement déconnectée de la réalité, dans mon bureau climatisé à traiter avec tout le détachement que ca nécessite des sujets aussi graves.

vendredi 10 juin 2011

Inégalités en Inde(2) : Le dilemme du riche

C’est un sujet bien embarrassant et je pense que tout le monde y a pensé un jour ou l’autre. C’est la conscience qui vous travaille. C’est la honte que vous ressentez en baissant les yeux pour éviter de voir. C’est un sentiment de culpabilité. Mais surtout un sentiment d’impuissance. Je ne l’ai jamais autant ressenti qu’ici.
A chaque coin de rue un mendiant vous attend.

Première technique : je sors mon porte-monnaie, je donne 10 roupies et je me dis que j’ai fait quelque chose de bien

Deuxième technique : Je détourne le regard. Un pauvre ? Ah bon.. ?

Troisième technique (plus courageux que la deuxième) : je plante mes yeux dans les siens faisant non de la tête. Je me dis que c’est encourager la mendicité que de donner des sous et que donc j’aggraverais le problème, que ce n’est pas une solution. Eventuellement je me dis que je vais m’investir dans des trucs plus concrets pour aider (ONG…) mais….je me dis que je ferai ca…..un jour !

Face a ce « dilemme du riche », chacun sa technique du "moins pire". Matthieu a trouvé la sienne : il ne donne qu’aux personnes à qui il manque des jambes, des bras, les deux, la vue, qui sont brulés…. Et Dieu sait qu’à Delhi il y en a ! Du coup il a son porte-monnaie à pièces spécial dons. Cela part du principe que ces personnes n’ont pas d’autres sources possibles de revenu autre que la mendicité mais ca a le gros inconvénient que si tout le monde faisait pareil, et dans un pays ou même les gens valides ne trouvent pas forcement de travail, les pauvres se mutileraient (ce qui se fait déjà, cf slumdog millionaire).
Il n’y a pas de meilleure solution. Prenons les enfants qui a 4 ans viennent vous faire la manche. Si on donne, on encourage le travail des enfants. Et ne pas donner, c’est affronter le regard de ce petit a qui vous refusez 10 roupies, soit un dixième du repas que vous venez juste de prendre. Ici, ils vous demandent souvent les bouteilles d’eau. On les donne en se disant que c’est parce qu’ils ont soif. Mais la sœur de Matthieu vient de nous expliquer (elle travaille dans une ONG pour les enfants des rues) que le travail de ces enfants consiste à récupérer le plastique pour le revendre. Donc en donnant les bouteilles on encourage le travail des gosses.
Alors que faire ? C’est trop facile de se dire qu’on n’y peut rien. Il faut chercher des solutions, de bonnes solutions. Chacun à sa matière. S’investir dans une ONG pour de vrai (ne pas que dire « il faudrait que… »). Entrer en politique (même à des niveaux locaux) pour faire bouger les choses. Devenir chercheur pour conseiller les politiciens. Peu importe, mais passer de l’idée de… à sa réalisation. Passer de l’indignation (à la mode avec ce cher Hessel) à l’action. Oui, je sais, ce post est démago, facile a dire, difficile a faire.

lundi 6 juin 2011

Du Dalai-Lama à la frontière Pakistanaise...incredible India!

Si on voulait avoir une impression de l’ambiance en Inde (du moins Inde du Nord) en quelques jours, je pense que ce week-end de 4jours a été un bon concentré. Apres une nuit en train et quelques heures de bus bondé pour la forme, nous voila à Dharamsala, ou plus précisément a Mc Leod Ganj, petite ville où se trouve le gouvernement tibétain en exil. C’est un grand bol d’air frais a 2000m d altitude, avec des panoramas superbes, des blancs bizarres un peu partout (des hippies aux convertis au bouddhisme) et une ambiance tibétaine de calme et d’hospitalité. Je voulais absolument qu’on y aille ce week-end-là car le Dalai-Lama faisait une séance d’enseignement. On n’a pas pu y assister car c’était réservé aux tibétains mais on a eu notre Cannes a nous, à attendre Sa Sainteté monter le tapis rouge. C’est pour moi un modèle de sagesse, de calme et d’humanisme que j’admire beaucoup, et il m’a suffit de l’apercevoir quelques secondes sourire à la foule et monter gaillardement les marches pour être conquise. Après avoir profite de l’ambiance sereine de Dharamsala, direction Amritsar en bus (7h de trajet) pour y rejoindre Laure, une doctorante du CSH et Sarah, la sœur de Matthieu. J’ai fermé les yeux pendant presque tout le voyage car le chauffeur dévalait les pentes à toute vitesse et doublait dangereusement dans les virages. Soulagement à l’arrivée a Amritsar qui ne dure pas longtemps : il fait chaud, très chaud, c’est bruyant, très bruyant et il y a du monde, beaucoup beaucoup beaucoup de monde. Amritsar est connue pour son « Golden temple », le plus grand lieu de pèlerinage de la religion sikh. Je vous ai fait un diaporama pour tenter de vous décrire l’ambiance car c’est tellement fou qu’il faut le voir en images ! Il y a des pèlerins partout, tout le monde dort et mange gratuitement a cote du temple dans une ambiance de camping à l’indienne. Ils servent environ 60 000 à 80 000 repas...par jour (et gratuits!). Les indiens ont ps arrêté de nous prendre en photo, c'est étrange d'être touriste et de se faire mitrailler. Le soir, nous sommes allés a la frontière avec le Pakistan pour voir la cérémonie de fermeture des portes. Tout un show ! Après quelques heures d’attente dans la foule a se faire bousculer et a baigner dans la transpiration collective, on accède aux gradins (avec des places VIP pour les étrangers) côté indien. Côté indien : une foule immense, des femmes qui dansent sur les musiques de Bollywood, une ambiance de stade de foot. Cote Pakistanais : les femmes voilées séparées des hommes sur des gradins assez vides, des musiques religieuses et pour chauffer le tout, des slogans « Allah est grand ». Une grille qui sépare deux pays qui se détestent deux mondes différents a quelques mètres l,un de l’autre. Sarah a quand même glisse après avoir observe les pakistanais a la jumelle : "de près, ils font moins peur". N’empêche, le Pakistan, ca fait pas envie. Nuit courte dans la tumulte du temple, réveil a l’aube en pensant avoir un peu de calme pour visiter le temple, mais les pèlerins ne semblent jamais dormir. On se rabat sur la visite d’autres temples dans la ville, dont un temple hindou très étrange (il ressemblait a la maison du rire dans les fêtes foraines, avec des tunnels, des passages dans l’eau, des salles de mirroirs…). Retour en train, toujours épique (avec des personnes qui n’ont pas leur billets, ou qui se sont trompés et une odeur d’urine constante). Bon je voulais blablater dix fois plus que ca mais bon, il ne faut pas que je me noie dans les détails ! (même si c’est les détails qui créent cette ambiance).