mardi 26 avril 2011

Histoires d'amour

Dans le monde des Bollywood, il est toujours question d’histoires d’amour. Dans la vie réelle en Inde, c’est moins le cas ! Ce post découle d’une conversation très intéressante avec un jeune indien dans le train. Il a 29 ans et appartient à la classe des brâhmanes, une classe supérieure d Hommes de lettres dans la religion hindoue. A la question « Es-tu marié ? » il répond avec un sourire « Non, pas encore, mais bientôt car mes parents ont commencé à me chercher une femme ». Devant notre air étonné, il nous explique qu’il a l’âge de se marier, et que donc ses parents (et lui participe aussi) cherchent une femme de la même caste que lui (ce qui est compliqué car la caste se divise en plusieurs sous-castes) et que lorsqu’ils auraient trouvé la bonne, il la rencontrerait et ils se marieront sauf exception. « -Et si tu tombes amoureux de quelqu’un d’une autre caste ? » « -Ce n’est pas possible, est-ce qu’en France un haut fonctionnaire peut se marier avec un chauffeur ? » « -Hum, en théorie oui ! ». Dans certaines familles, il est toléré que le jeune ait des flirts avant le mariage, « c’est comme le catholicisme en France, normalement on reste vierge jusqu’au mariage mais la réalité est un peu différente ». Mais dans tous les cas, au moment venu, on se marie avec la personne avec laquelle il est prévu qu’on se marie, si amour il y a, tant mieux, sinon, tant pis. Je connaissais ce système de mariage arrange mais je ne pensais pas qu’il était toujours aussi en vigueur, surtout dans l esprit des jeunes générations. Dans les villageois sur lesquels je travaille, il y a un homme fortuné dans le village qui est tombé amoureux d’une jeune femme dont les sentiments étaient réciproques mais ils étaient de caste différente. Rien à faire, il s’est marié avec celle qui lui était promise, elle a du partir dans un autre village se marier et est morte en accouchant. Par ailleurs, j’ai pas mal de données sur des fillettes de moins de 15 ans qui sont déjà mariées et qui habitent avec leur belle-famille. Ca m’interpelle un peu ces questions de mariage car c’est pour l’instant la plus grande différence que je vois avec notre système, ou les mariages arrangés restent le fait de quelques très rares familles aristocratiques.

lundi 25 avril 2011

Udaipur, calme et romantique

Un week-end à Udaipur, c'est un grand bol d'air frais. Ca commence d'abord par les 12 heures de trains de nuit, où il y a toujours plus de gens que de places, mais où l'on finit par se faire un espace sur un "sleeper" pour dormir confortablement. La ville d'Udaipur est construite sur les bords d'un lac, ce qui lui donne un air paisible. Les gens y sont très sympathiques, parlent étonnement bien français (nombre d'entre eux sont allés à Paris, Marseille, Bordeaux etc et vous accostent joyeusement dans la rue). On s'est baladés dans les ruelles de la ville, dans ses nombreux parcs, on a visité ses palais et on a profité de la magnifique vue du haut d'une colline pour le coucher du soleil. Pour 3 euros par nuit par personne on avait une super chambre, avec vue sur le lac et la télé (très utile pour les pauses "on est fatigués" ou pour Matthieu qui a été malade). Dans la rue, on voit beaucoup de vaches qui se baladent (et des taureaux un peu moins rassurants) , des ânes qui portent des briques, de magnifiques chevaux (j'ai pas arrêté de dire "ouah les chevaux sont beauuuuuxxxxx"), des singes qui sautent de toit et toit et même un éléphant! Bref, le retour à Delhi et STATA a été un peu dur! Dans le train du retour on a eu une conversation très intéressante avec un jeune sur le mariage, je vous mettrai des posts "culturels" cette semaine parce que c'est vraiment très différent de nous! Sur ce, quelques photos

dimanche 17 avril 2011

Week-end à Agra: Le Taj-Mahal, ca se mérite!

On m'a dit que mes posts étaient trop longs donc je vais essayer de vous résumer ce week-end à Agra en quelques lignes. Nous sommes partis en train (3h) très tot direction LE lieu touristique de l'Inde: Agra, où trône le Taj Mahal et un fort imposant. Le train passe au milieu des bidonvilles, où à côté des rails des enfants et adultes sont accroupis avec leur bouteille d'eau à la main en train de faire leurs besoins. La pauvreté en Inde est partout, j'y reviendrai dans un autre post.A peine descendus du train, on se fait assaillir de rabatteurs en tout genre, il fait chaud (très chaud), il y a beaucoup de monde et c'est étouffant. Difficile de garder son calme, c'est un attrape-touriste classique, tout est fait pour vous faire sortir le porte-monnaie. On n'a même pas réussi à acheter un billet de train pour le lendemain car les quotas touristes étaient remplis. Finalement on prend un chauffeur de rickshaw (équivalent de la jeepney aux philippines ou du tuk-tuk à Bangkok) à la journée. Enervés, fatigués, on se dirige vers les jardins de l'autre côtés du Taj Mahal. C'est très calme, vert et paisible, ça contraste, et on en repart de bonne humeur. Après une visite au baby taj et un déjeuner en haut d'une terrasse avec vue sur la ville on se rend au fameux Taj Mahal. La queue est énorme et il n'y a pas un seul touriste, on nous dit tout et n'importe quoi, qu'il faut faire la queue, qu'il ne faut pas la faire. ARGGGGGGGG. Finalement on parvient à comprendre que les touristes doivent faire la queue à une autre entrée. On cherche cette entrée en empruntant des petites ruelles où on tombe nez-à-nez avec des singes. On hésite à passer à coté quand des enfants apeurés nous disent "danger, danger" et font demi-tour. J'ai pas trop fait la maline elles sont pas commodes cs bêbêtes. Du coup on a fait un détour et on est ENFIN arrivés. Matinée difficile mais la récompense est là: malgré le monde et la chaleur le Taj Mahal, ça déchire! On reste assis à admirer l'oeuvre de Shah Jahan jusqu'au coucher du soleil. En se répétant "ah c'est beau quand même". Le lendemain debout 5h pour la deuxième fois, on se précipite vers le fort pour voir le soleil se lever. Joli spectacle, seul le chant des oiseaux pour percer le silence. On reste quelques heures au fort puis, comme on avait pas acheté de billets de trains et que c'était complet, on a décidé de rentrer à Delhi en bus. Ca m'a beaucoup rappelé les Philippines, c'est exactement les même bus. On ne part pas tant que le bus n'est pas plein, on s'arrête un peu partout, et des vendeurs de tout et n'importe quoi font un ronron continuel. Bref, un week-end où il est difficile de garder son calme mais qui mérite le détour. J'ai fait quelques photos mais il y en a aussi de Matthieu (parce que les gars, "sans faire exprès", ont supprimé toutes les photos de mon appareil, dont celles du Taj et de Delhi). Zut, il est long quand même ce post.

jeudi 14 avril 2011



Tout voyage en Inde commence par un voyage culinaire. Comme on ne connait rien aux noms des plats, on a décidé de tester un peu tout, en retenant ce qu'on pourra reprendre et ce qui est à éviter. Les indiens accompagnent souvent leurs repas de naan (ou chapati, j 'ai pas encore bien pijé la différence), c'est une sorte de petite galette de farine. On en prend systématiquement parce que ca a le grand avantage de calmer un peu la "bouche en feu" après certains plats (même si on a demandé avec insistance "not spicy"). Le plat "thali" est assez populaire et se compose de plusieurs sauces et de légumes sur un plateau prévu spécialement pour ça (d'où lil tire son nom) avec du riz et des naans. Moi j'aime beaucoup les "dosa", des grandes crêpes salées que l'on peut garnir de diverses manières. Les "Uthatam" sont des petites omelettes servies avec des sauces un peu épicées. Il y a aussi des plats chinois, des plats du Cachemire, du Punjab, du sud de l'Inde... bref, il y a de quoi varier! Par contre, les desserts c'est vraiment pas top. Leurs patisseries ont une texture bizarre et un goût chimique qui me fait penser à l'odeur des pschit-pschit pour les toilettes^^. On a un petit vendeur arabe à coté de chez nous et on passe lui prendre des patisseries le soir pour finir sur une touche sucrée. La nourriture indienne c'est sympa mais je pense qu'à la longue un petit macdo (sans steak bien sur) va nous faire grand bien :-P !

mardi 12 avril 2011

La succession de chercheurs est comparable à un seul homme qui apprend indéfiniment.   (Blaise Pascal)


Puisque je suis quand même ici pour travailler, je vas faire le post sur mon stage. On travaille au Centre de Sciences Humaines (CSH), qui est une unité du CNRS. Il est placé dans les quartiers riches à coté du centre culturel français (sur la photo). La première chose qu'on remarque quand on arrive le matin c'est....qu'on est les premiers. Eh oui, avant 11h, le centre de recherche est un no man's land. Quand on risque un coup d'oeil sur l'ordi du voisin on a souvent l'occasion de voir la page bleue (et reconnaissable de loin) de facebook... Bref, zeeeeeeeennnnn! Moi je travaille sur un village, Palanpur, étudié depuis les années 50 par des chercheurs, puis devenu connu dans le milieu de la microéconomie grace aux livres écrit par Bliss et Stern en 1982 et Stern et Lanjouw en 1993 (des gars connus dans le milieu de la recherche en économie). En gros tous les dix ans des enqueteurs prennent les données sur les (environ)1300 habitants concernant toute leur vie et ensuite les économistes analysent ca. Cela permet à terme de comprendre les mécanismes qui font qu'une famille va se sortir de la pauvreté (ou au contraire y sombrer), quelles sont les caractéristiques des plus pauvres (et donc comment agir pour changer leur situation), quels sont les us et coutumes, quelle sorte d'agriculture va etre efficace, quelles évolutions technologiques ont changé les choses, comment les inégalités évoluent....bref, tout, tout, tout est peut être étudié. Les dernières enquetes ont été faites en 2008-2009 et un livre sortira à nouveau bientot. J'ai choisi la citation de Blaise Pascal comme titre car sur ce travail on a vraiment l'impression de travailler pour une seule étude, chacun y apportant son petit grain de sable (bon des grains de sable de taille différentes mais quand même^^). Sur les 7 chapitres du livre il y en a UN qui est plus technique en économétrie (avec ns amis probit, tobit, seasonal cycles...) et pas de chance, ils veulent que je travaille là-dessus. Pour l'instant je dois continuer le travail de Camille, une fille de l'ENSAE qui a fait un mois de stage au CSH l'année dernière. Il s'agit de calculer les revenus de tous les habitants et c'est un travail de titan (mais je préfère ça que le contraire) car il faut ajouter tous les boulots (emploi régulier sur quelques mois, puis travail occasionnel, auto-entrepreneurs...) aux revenus de l'agriculture (qui est majoritaire à Palanpur), qui sont calculés à partir des ventes de céréales, à quoi on enlève les couts (d'irrigation, de graines, de location de terre...). Bref, il faut retrouver toutes les données sur les interviews et essayer d'en faire quelque chose qui s'approche le plus possible de la réalité sans rien oublier. C'est intéressant mais à 17h c'est la migraine assurée (il y a des centaines de dossiers avec chacun des centaines de données, appelées par des noms différents mais qui parfois veulent dire la même chose...). Ca me conforte un peu dans l'idée que je ne ferai pas de recherche. Passer la plupart de mon temps devant mon ordi (et même manger devant son ordi!) devant des tableaux excel en se demandant de temps à autre "est-ce que ca sert a quelque chose ce que je suis en train de faire?" c'est pas trop trop mon truc. Cependant je vais jouer le jeu, le sujet m'interresse et une fois que j'aurai réussi à calculer les revenus de chaque personne du village je commencerai les choses sérieuses en économétrie (régressions etc.) afin de tenter d'expliquer le pourquoi du comment (je vous referai un post chiant du même type que celui-là dans quelques semaines pour dire quel sujet j'aurai choisi d'étudier à partir de ces données sur les revenus). Il y avait des données disponibles pour travailler sur la santé, les femmes ou le travail des enfants, des sujets plus sexys que les revenus, la consommation et l'épargne, mais bon, mon maitre de stage avait vraiment l'air de vouloir me refourguer ça puis je me suis dit que c'était quand même la base de toute étude les revenus. Non?

samedi 9 avril 2011


Ca y est, on a (presque) un appart. Bon, en soi c'est pas quelque chose qui normalement mériterait que je vous raconte mais trouver un appart à New Delhi, c'est quand même toute une affaire. C'est Sushil, un agent recommandé par le centre du CNRS qui s'est occupé de nous "I will always be there for you", qu'il nous répète. On a visité environ 7 apparts (vraiment tout type d'appart, dont des très kitchs comme sur la photo), et pour chacun nous on fait notre débrief en français entre nous, Sushil raconte on-ne-sait-trop-quoi aux proprios en hindi, et tout se qui se dit en anglais doit être réfléchi car les deux parties comprennent (si Sushil dit "we will talk about this in the car, can we go now?" = dis surtout pas ça devant le proprio). C'est un jeu de négociation avec plein d'acteurs (on rencontre pleins de gars d'autres agences par laquelle notre agence passe etc.) et c'est très complexe (genre: on paye sushil la moitié d'un mois du loyer de l'appart, donc il a tout intérêt à nous convaincre pour un appart cher, à nous de lui augmenter sa part de gain si il arrive à nous négocier tel ou tel apart à tel prix). Bref, ca a été dur! Finalement on tombe sur un apart avec 3 chambre très beau, bien placé, possédé par un Sikh. Le prix nous convient, mais le lendemain Sushil nous sort mille et unes excuses pour qu'on visite d'autres endroits. On a appris la vraie raison ce matin: le proprio ne voit pas ce que deux garçons et une fille peuvent faire dans un appartement, et ça le gêne. Sushil insiste pour dire que lui comprend nos mœurs mais en Inde ca reste encore un peu mal vu chez les personnes plus agées. Bref, autrement dit, je passe un peu pour une pute. On a fini par trouver un autre appart avec deux chambres (on va tourner chaque mois, il y a trois lits séparés, mais on a dit à tout le monde que j'aurai ma chambre perso tout le long sinon je pense que ça serait un vrai scandale). On paye et emménage demain si tout va bien. On va aussi embaucher une maid (pour faire la cuisine, la lessive et un peu de ménage). Sushil nous a proposé une maid à 5000 roupies (environ 90 euros) par mois pour....huit heures par jour...! Bon on veut quand même pas aller jusque là donc on la prendra moins longtemps! Cet épisode "logement" nous aura fait découvrir des nouvelles facettes des us et coutumes à New Delhi, de la gentillesse de Sushil (on lui fait pas 100% confiance mais il s'est bien battu pour notre appartement et aura été correct) à la négociation ardue en passant par la non-mixité et le combat avec les distributeurs de banque (je vous passe le récit de notre aventure "banque" qui risque de se solder par un débit de 300 euros sur mon compte dont je n'ai jamais vu la couleur...)!
Les négociations dans notre futur appart

jeudi 7 avril 2011

Comme je ne sais pas trop comment commencer ce post, je vais citer 10 faits qui m'ont frappée ou marquée depuis notre arrivée:
- Quand on est une fille, mieux vaut se couvrir les épaules, sinon tout le monde vous fixe comme si vous étiez habillée de façon complètement indécente.
- Pour traverser la route à Delhi, il faut se dire "un, deux, trois,go"et traverser sans regarder ce qui se passe. C'est les voitures qui vous évitent et non le contraire
- un mouvement de tête de gauche à droite (sans tourner la tête) c'est OUI.
- les plats "not spicy", ca arrache
- conséquence de la remarque précédente: toujours savoir où sont les toilettes les plus proches :-S
-  On a pas encore vu de McDonald's
- Les rickshaws (= tuk-tuk en Thailande et jeepney aux Philippines) ca se marchande sans pitié. On sait faire (Matthieu). Ou pas (moi).
- Les garçons se font des papouilles entre eux (se tenir la main, s'enlacer), mais être gay c'est mal vu (autrement dit: la main: ok, se tenir par la taille: ok, se rouler une pelle: pas ok).
-  Prévoir deux photos d'identité, la photocopie du passeport et de remplir un questionnaire pour acheter un téléphone dans un petit magasin tout pourri sur le bord de la route. Pire que l'administration française, c'est possible!
- Delhi c'est pas si pas cher que ça. Disons que pour un mois j'estime mes dépenses au même niveau qu'à Paris (650 environ). Moins cher pour la nourriture mais les rickshaws, l'eau etc en plus.


Bon sinon tout va bien, New Delhi c'est un peu comme on se l'imagine: pollué, vivant, avec de très très forts contrastes de richesse, coloré (j'adoooooore les tenues des indiennes), bruyant....On a peut-être trouvé un appart et le centre où je vais faire mon stage est chouette (même si j'ai beaucoup de pain sur la planche)!

lundi 4 avril 2011

New Delhi: J-1

Je commence aujourd'hui un nouveau blog (après les Philippines et Haïti) qui va porter sur mon séjour de 4 mois en Inde. Je vais d'abord (les trois premiers mois) faire un stage de recherche en économie dans un laboratoire du CNRS à New Delhi (j'aurai l'occasion de vous en reparler) et en juillet je pars voyager, probablement au Népal et Inde du Nord-Est. Deux polytechniciens partent avec moi dans le même laboratoire (mais pas pour le même stage), j'ai de la chance parce que c'est surement les deux X que je préfère dans mon master. Pour vous les présenter en quelques mots, il y a Matthieu (le blond) et Scott (le brun). Je m'entends bien avec les deux parce qu'ils sont pas prise de tête, ils ont l'esprit ouvert et envie d'aventure :). Matthieu est intéressé par l'économie du développement, regarde des séries et émissions de merde et aime les ragots (trois points que nous avons en commun). Il a fait un stage en Syrie l'année dernière et il a voyagé dans le coin donc il a déjà l'esprit voyage. Scott est un X très atypique, il veut faire de la sociologie, lit beaucoup et est passionné de randonnée de haute montagne. L'année dernière il a fait son stage dans une communauté hippie en Bolivie^^. Bref, je les ai pas vraiment décrits en disant ça mais c'est pour vous dire qu'ils sont cools et que ça va etre sympa (heureusement parce qu'on va quand même se supporter 24h/24). J'ai hésité avant de faire ce blog, car je ne sais pas si j'aurai autant de choses à raconter que dans les deux précédents (parce que bon, un stage en économie, ça va vous intéresser 5 minutes, mais franchement, c'est un peu chiant à la longue!) mais je m'efforcerai en tout cas de mettre des photos. Cela fait longtemps que que je voulais aller en Inde, j'appréhende un peu ce pays, mais c'était l'occasion, donc LET'S GO!