jeudi 25 août 2011

Quelques mots pour conclure

L'Inde me laissera un souvenir assez contradictoire. D'un côté, l'émerveillement pour cette culture très riche, du film Bollywood à la cuisine épicée en passant par le foisonnement de monuments religieux et de couleurs, l'Inde est un modèle culturel fascinant. De l'autre, cette même culture qui mène à des situations qui pour moi sont parfois abbérantes. Notamment, ce qui me laisse assez dubitative et pessimiste sur l'évolution de l'Inde, c'est le système de caste qui régit encore toute la société indienne et qui légitime la pauvreté, en insinuant notamment que si l'on est pauvre (et intouchable, souvent de pair), c'est qu'on a fait de la merde dans sa vie précédente, et que donc on l'a amplement mérité. Cette vie là ne sert alors que pour espérer en avoir une meilleure dans la réincarnation suivante. Quelle politique anti-pauvreté mener alors face à cette justification de la situation économique et sociale? Un autre problème plus que préoccupant pour l'Inde de demain c'est sa surpopulation et son manque de femmes, ce qui va finir par poser de sérieux ennuis à un moment ou à un autre. L'Inde, c'est un pays difficile. Difficile à vivre, à comprendre, à suivre. Mais facile à aimer malgré tout.
Mon stage aura aussi été très important pour moi. J'en ai beaucoup appris sur l'Inde rurale et sur le milieu de la recherche. Ca m'a confirmée dans l'idée que je n'ai pas envie de faire de la recherche plus tard (du moins je n'ai pas envie que ça devienne mon activité numéro un) car je manque de patience, de précision, de conviction dans l'utilité de certaines recherches pour faire ce métier. Cependant c'est important que des laboratoires comme le CSH existent afin de permettre aux politiques d'en savoir plus avant de prendre certaines mesures.
Merci à ceux qui m'ont suivis pendant ces 4 mois, les commentaires sur ce blog se font très rares mais j'ai reçu beaucoup d'emails et ça m'a fait grand plaisir!

Fin du voyage

Je viens de me rendre compte que je n'avais pas fini de vous raconter notre road trip en Inde. Après un peu plus de 20h de transport, nous sommes arrivés à Darjeeling, ville connue pour son thé. Il pleuvait beaucoup et la ville était constamment dans le brouillard, ce qui donnait une ambiance glauque à mourrir. Après une visite dans une plantation de thé où j'ai appris plein de choses intéressantes sur cette boisson, on a décidé d'écourter notre séjour à Darjeeling et on est partis direction Calcutta.
Calcutta, c'est l'Inde dans toute sa complexité et sa contradiction. De magnifiques bâtiments (certains de l'Empire colonial), une petite tranche de la population qui passe ses week-ends dans les mall, et une grosse majorité qui vit dans la pauvreté. A Calcutta, il y a mendiant (souvent avec des membres en moins) tous les quelques mètres, et souvent (plus qu'ailleurs en Inde j'ai trouvé) ce sont des enfants. On voit encore des rickshaws (pousse-pousse) tirés à force d'Homme (ce qui est interdit dans le reste de l'Inde, car la différence entre l'Homme et l'animal devient alors vraiment ténue). Le gouvernement indien souhaiterait les voire disparaître, mais ils reflètent quelque chose de bien pire: le chômage est tel et le travail d'un Homme vaut si peu cher qu'à choisir entre une âne (ou un cheval) pour tirer le rickshaw et un Homme, la solution la moins chère est l'Homme. Les rues sont très sales et il y a énormément de monde, et ce qui m'a choquée c'est qu'il n'y avait quasiment que des hommes. Pour la énième fois je me suis demandée "mais où sont les femmes?". A la maison certainement. Il faut rajouter à cela une pluie torrentielle, les rues inondées et un rassemblement politique bruyant, et vous aurez un aperçu de ces quelques jours que j'ai passé à Calcutta.

Dernière étape: Varanasi, haut lieu de pèlerinage hindou. Les hindous viennent ici bruler les corps de leurs morts (quand ils ont les moyens de les transporter jusqu'ici), ou jeter les cendres dans le Gange. 24h/24 les buchers à ciel ouverts fument dans toute la ville. Dans les petites ruelles piétonnes de la ville où l'on croise plus de vaches et de rats que d'humains, on voit des convois déambuler vers le Gange avec sur l'épaule leur mort recouvert de bandes blanches. Les touristes aussi peuvent assister au bucher mais je n'y suis pas restée longtemps, j'étais pas à l'aise. Les corps sont brûlés puis jetés dans le Gange sauf les enfants de moins de 10 ans, les femmes enceintes, les personnes piquées par un serpent (animal de Shiva) et les vaches qui eux sont directement jetés dans le Gange sans crémation aucune. Le Gange, c'est aussi le fleuve le plus pollué au monde et là où tous les pèlerins se baignent, sous l’œil un peu dégouté des touristes. Malgré le récit que je viens de vous faire de cette ville, il s'en dégage une atmosphère spirituelle bien plus conviviale qu'on pourrait le croire. Il y a beaucoup de pèlerins, de musique, de chants, de cérémonies, de couleurs...Tout un paradoxe. Avec Matthieu on est rentrés à Delhi das un train où l'on avait pas de place (mais on n'avait pas le choix, l'avion ne nous attendrait pas), qui était bondé, et où on a du dormir par terre. Voyage éprouvant et marquant, mais tout est bien qui finit bien et on a eu notre avion à l'heure.

dimanche 24 juillet 2011

Le Nepal en quelques villes



Nous avons retrouvé la soeur, le frere et le cousin de Matthieu puis apres plus de 24h de voyage nous sommes enfin arrivés au Népal. Petit apercu de notre séjour au travers de quelques photos.
Apres avoir passé une journée a Lumbini (ville de naissance de Buddha, de tres beaux temples mais je n'ai pas de photo), nous sommes arrivés a Pokhara, sous la pluie. On a pu quand meme profiter d'une balade sur le lac et on a eu la chance d'avoir une petite éclarcie a 6h du matin pour 
admirer (ou plutot deviner entre les nuages) les Annapurnas, dont certains monts sont a plus de 8000m. Afin d'admirer la ville d'en haut, on a fait une marche dans la foret ou on s'est un peu perdus et on a été victime d'attaques de sangsues (tout le monde avait les pieds en sang, sauf moi qui ait été chanceuse et n'en ai pas eu).



Ensuite, direction Kathmandu, ou l'on est restés plus longtemps que prévu pour des soucis de visa. La ville est beaucoup moins bruyante et fatiguante que l'on me l'avait décrite. Les petites ruelles, la magnifique Durban Square et enfin le Stupa sur une petite colline font de la capitale Nepalaise un endroit assez agréable.Sur le Stupa (photo a droite, le stupa est un monument religieux bouddhiste), sont représentés les yeux de Buddha, un symbole que l'on retrouve un peu partout au Népal (ce stupa etait le "monkey stupa", ne me demandez pas pourquoi....!).
On a pris un guide une fois qui nous a expliqué pas mal de choses intéressantes sur la religion hindoue made in Népal. Entre autres, le culte d'une déesse vivante, la Kumari Devi: plusieurs versions existent quand a la raison de ce culte. La plus répandue étant qu'un roi de la dynastie des Mallas jouait aux dés avec la déesse Tuleju et un jour il lui fit des avances déplacées. La déesse, furieuse, s'enfuit alors et ne revint que sous la forme d'une petite fille. Depuis, les Népalais cherchent une petite fille avec un certain nombre de charactéristiques, qui devient alors la Kumari Devi jusqu'a ce qu'elle ait ses regles (il y a plusieurs Kumari Devi pour plusieurs villes). Outre les sélections physiques, il faut que les candidates assistent a la mise a mort de 108 animaux et a des danses masquées  effrayantes sans montrer un signe de peur. L'actuelle Kumari Devi de Kathmandu vit a Durban Square et fait une apparition publique une fois par jour.




L'ancienne ville mediévale de Baktapur a l'Est de Kathmandu, ou nous avons passé une journée, est tres bien conservée malgré un gros tremblement de terre en 1939 et garde son ame de village (avec beaucoup de potiers et d'habitants qui font sécher leurs récoltes sur leur pallier). Les petites rues pavées sont calmes et plutot propres, grace surement au droit d'entrée tres élevé que doivent payer les touristes.




Apres Baktapur, nous avons pris un bus puis une jeep (24h de trajet a nouveau) pour retourner en Inde, a Darjeeling (je vous raconte cela une prochaine fois). J'ai beaucoup aimé le Népal, j'ai trouvé les gens plus abordables qu'en Inde, la nourriture y est moins épicée et la saleté moins omniprésente. Cependant, on sent que beaucoup de pratiques (notamment religieuses) sont tres semblables a l'Inde et parfois j'avais l'impression de n'avoir pas changé de pays.
ps: je suis désolée je n'ai mis que les accents aigus car cet ordi n'a aucun accent et n'a pas word donc c'est compliqué (je copie-colle les accents...).

mardi 12 juillet 2011

La semaine du mythe: Spiti valley a moto


Comme je me suis dit que ça allait être très barbant et pour vous et pour moi si je raconte tout par écrit, je vous ai fait une petite vidéo la nuit dernière (désolée pour la qualité) avec mes commentaires. Une rapide description : avec Matthieu on a décidé de partir dans l’Himalaya a moto pour une boucle de 9 jours, 1000km (cf la carte) dans Spiti Valley, un des endroits les plus reculés en Inde et « one of the most challenging road in India » (dixit Lonely planet). Un défi pour nous qui avions commencé la moto seulement 2 semaines avant à Delhi ! Le résultat : des paysages splendissimes que l’on apprécie d’autant plus que l’adrénaline est a son apogée. Lors ce mix constant entre émerveillement et peur, on a rencontré quelques touristes (très peu cependant), tantôt nous admirant, tantôt nous prenant pour des tarés. J’ai peu conduit (1h par jour environ), parce que tout d’abord j’ ai un peu du mal a stabiliser la moto a faible vitesse, puis Matthieu ne raffole pas de ma conduite « ah…, tes sure tu veux conduire ? Tu te sens la ? » (les Hommes quoi). Mais étant donne qu'on n’a vu aucune fille qui conduisait une moto, je suis quand même fière de mes quelques kilomètres (mais les préjugés sont bien la chez les indiens comme chez les étrangers. Un français m’a quand même dit « ah bon tu conduis ? Et qui était au volant quand vous êtes tombés ? »). Bon je vous laisse voir la suite en images, la fin est un peu abrupte mais j’avais encore pleins de choses a dire et y’avait plus d’images. On a quand même eu beaucoup de chance tout au long du trajet, notamment sur le fait que la moto n’a rien eu (sauf crevé une fois mais on a pu trouver des gars qui ont regonflé et mis des sortes de chewing gum dans les trous),parce qu’on avait RIEN pour réparer et qu’on croisait vraiment peu de monde. Les pros avec leurs enfields 500cc allaient de mécanicien en mécanicien et étaient un peu deg de voir que la Pulsar était nickel ! La je suis au Népal, il pleut beaucoup (dans Spiti il faisait un temps magnifiques car la chaîne himalayenne arrête les nuages), je vous raconterai la suite des aventures plus tard

 !

lundi 27 juin 2011

C'est partiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

Après avoir du faire la soutenance de mon paper en anglais devant 20 personnes pendant 35 min (exercice terrifiant), me voilà en vacances! (A l'occasion je vous mettrai le paper en ligne quand j'aurai compris comment je peu faire ça). Je pars donc ce soir avec Matthieu dans la vallée de Spiti (je vous ai fait un plan). C'est des routes dans l'Himalaya ouvertes 3 mois par an, à la frontière avec le Tibet. En bus c'est la grosse galère car c'est très long et ils conduisent dangereusement,on s'était donc mis en tête qu'on allait le faire à moto. On a voulu louer une moto pour essayer à Delhi (moi j'avais conduis une seule fois et Matthieu jamais). Matthieu a pris la moto et a foncé dans un petit magasin donc le propriétaire sikh est revenu sur son accord de nous louer sa moto mais a accepté de nous donner des cours (et gratuitement!!). On a donc pris environ 6 à 7 cours, moi j'ai moins conduit car ils ont du mal à accepter qu'une femme veuille conduire une moto. Matthieu gère plutôt bien là (moi je conduirai que si besoin est...!) donc on pense faire une boucle à partir de Shimla (la boucle en pointillés sur le plan) en moto. Ensuite on va au Népal où la soeur, et frère et le cousin de Matthieu nos retrouvent. On a prévu de passer une semaine au Népal, puis direction Darjeeling et Calcutta, et retour via Varanasi et Agra. On devrait faire tout en train et revenir à temps pour notre avion le 26 juillet. Je vous mettrai des photos si possible toutes les semaines.

lundi 20 juin 2011

Inégalites en Inde (3): Ou sont les filles?


Ce post va me permettre de faire d’une pierre deux coups : vous parler (un peu) de mon stage et discuter un peu d’un autre aspect de la société indienne : la discrimination envers les filles. Comme je l’avais dit plus tôt, je travaille sur la santé dans un village de l’Uttar Pradesh. Apes avoir décrit l’état général de santé (très mauvais) du village, je travaille maintenant sur la mortalité infantile. Pour se faire, j ai change de questionnaire pour étudier un questionnaire qui était entièrement dédie aux femmes.  Je vous conseille le rapport d’une stagiaire sur les femmes (http://www.csh-delhi.com/publications/downloads/articles/Women_rosalinda_coppoletta.pdf), c’est en anglais mais très clair et intéressant (et compréhensible pour les non-économistes). Je reprends quelques faits  sur Palanpur: 83% des femmes sont illettrées, les femmes ont une autonomie extrêmement limitée, la plupart ne se connaissent pas et n’ont pas d’amis, et souvent elles n’ont pas le droit de se déplacer seules, même pour voir le médecin du village. Ce qui m a choquée le plus, c’est que 60% sont battues par leurs maris et (pire !) 75% pensent que c’est légitime qu’il la batte si elle a été désobéissante ou n’a pas fait les taches ménagères. Je vous laisse lire le rapport de Rosalinda pour plus de détails… Mais revenons-en a la mortalité infantile, qui est le nombre d’enfants morts avant leurs 1 an divisé par le nombre d’enfants nés dans l’année. C’est une mesure assez utilisée comme indicateur général de la sante et du développement d’une population.  L’Inde se range aujourd’hui 51e mondial  avec une mortalité infantile de  47.57 pour 1000 (en France : 3.29…). A Palanpur, après avoir fait quelques petits tours de passe-passe statistiques (et après avoir galéré a comprendre les « survival statistics »), j’ai trouvé une mortalité de 93 pour 1000 sur la dernière décennie. Il y a donc un enfant sur 10 qui meurt avant un an, et cela ne prend même pas en compte les fausses couches ou les mort-nés. Diarrhée, tétanos, magie noire, fièvre sans possibilité d’aller consulter un médecin…diverses raisons sont avancées par les familles. 

Mais ce qu’il y a encore de plus surprenant, c’est ce graphique que j’ai fait, et dont on retrouve la tendance dans l’Inde ne général. En ordonnée, la probabilité de survie d’un enfant. A partir de un an, quel décrochage pour les filles….Je me suis demandée pourquoi ce n’était pas le cas avant un an mais que nenni ! Dans le reste du monde, les filles sont plus résistantes que les garçons et la mortalité des garçons est partout supérieure a celle des filles (comme exemple : le Pakistan avec 60 pour 1000 pour les filles vs 66 pour les garçons et la Chine avec 16.6 pour les filles vs 25.3 pour les garçons). Donc, pas d’inquiétude, les filles meurent aussi de façon anormale avant un an a Palanpur (et en Inde en général), car elles devraient avoir une courbe de survie au-dessus de celle des garcons, ce qui n’est pas le cas. Pourquoi cela ? Les filles sont moins bien nourries, sont moins emmenées chez le docteur si nécessaire etc. Avoir une fille à marier est en effet un fardeau pour les familles, car elles doivent apporter une dot conséquente (c’est la première cause d’endettement en Inde), les filles ne gagnant pas non plus de revenus, et quittant le foyer familial au mariage…c’est une perte à tous les niveaux. Cela parait assez optimiste de la part de l’Inde de vouloir baisser la mortalité infantile tout en augmentant l’égalité homme-femme (deux choses liées aux Objectifs du Millénaire pour le Développement) sans s’attaquer a ce système de dot… Je pourrais écrire encore des pages et des pages sur ce sujet mais je dois retourner à l’écriture de mon rapport, mon stage se terminant dans une semaine.  Je suis contente que cela se termine, j’ai beaucoup appris, mais c’est perturbant et démoralisant de traiter des bases de données ou  presque toutes les lignes vous avez une indication « famille n. 10112, enfant n.2 mort de rougeole,  enfant n.4 mort de diarrhée, enfant n.7 et 8 mort-nés… ».  Il en faut des gens pour passer leurs journées devant leurs ordis à commenter ca, je comprends que ca puisse être stimulant intellectuellement, mais j’ai l’impression d’être totalement déconnectée de la réalité, dans mon bureau climatisé à traiter avec tout le détachement que ca nécessite des sujets aussi graves.

vendredi 10 juin 2011

Inégalités en Inde(2) : Le dilemme du riche

C’est un sujet bien embarrassant et je pense que tout le monde y a pensé un jour ou l’autre. C’est la conscience qui vous travaille. C’est la honte que vous ressentez en baissant les yeux pour éviter de voir. C’est un sentiment de culpabilité. Mais surtout un sentiment d’impuissance. Je ne l’ai jamais autant ressenti qu’ici.
A chaque coin de rue un mendiant vous attend.

Première technique : je sors mon porte-monnaie, je donne 10 roupies et je me dis que j’ai fait quelque chose de bien

Deuxième technique : Je détourne le regard. Un pauvre ? Ah bon.. ?

Troisième technique (plus courageux que la deuxième) : je plante mes yeux dans les siens faisant non de la tête. Je me dis que c’est encourager la mendicité que de donner des sous et que donc j’aggraverais le problème, que ce n’est pas une solution. Eventuellement je me dis que je vais m’investir dans des trucs plus concrets pour aider (ONG…) mais….je me dis que je ferai ca…..un jour !

Face a ce « dilemme du riche », chacun sa technique du "moins pire". Matthieu a trouvé la sienne : il ne donne qu’aux personnes à qui il manque des jambes, des bras, les deux, la vue, qui sont brulés…. Et Dieu sait qu’à Delhi il y en a ! Du coup il a son porte-monnaie à pièces spécial dons. Cela part du principe que ces personnes n’ont pas d’autres sources possibles de revenu autre que la mendicité mais ca a le gros inconvénient que si tout le monde faisait pareil, et dans un pays ou même les gens valides ne trouvent pas forcement de travail, les pauvres se mutileraient (ce qui se fait déjà, cf slumdog millionaire).
Il n’y a pas de meilleure solution. Prenons les enfants qui a 4 ans viennent vous faire la manche. Si on donne, on encourage le travail des enfants. Et ne pas donner, c’est affronter le regard de ce petit a qui vous refusez 10 roupies, soit un dixième du repas que vous venez juste de prendre. Ici, ils vous demandent souvent les bouteilles d’eau. On les donne en se disant que c’est parce qu’ils ont soif. Mais la sœur de Matthieu vient de nous expliquer (elle travaille dans une ONG pour les enfants des rues) que le travail de ces enfants consiste à récupérer le plastique pour le revendre. Donc en donnant les bouteilles on encourage le travail des gosses.
Alors que faire ? C’est trop facile de se dire qu’on n’y peut rien. Il faut chercher des solutions, de bonnes solutions. Chacun à sa matière. S’investir dans une ONG pour de vrai (ne pas que dire « il faudrait que… »). Entrer en politique (même à des niveaux locaux) pour faire bouger les choses. Devenir chercheur pour conseiller les politiciens. Peu importe, mais passer de l’idée de… à sa réalisation. Passer de l’indignation (à la mode avec ce cher Hessel) à l’action. Oui, je sais, ce post est démago, facile a dire, difficile a faire.

lundi 6 juin 2011

Du Dalai-Lama à la frontière Pakistanaise...incredible India!

Si on voulait avoir une impression de l’ambiance en Inde (du moins Inde du Nord) en quelques jours, je pense que ce week-end de 4jours a été un bon concentré. Apres une nuit en train et quelques heures de bus bondé pour la forme, nous voila à Dharamsala, ou plus précisément a Mc Leod Ganj, petite ville où se trouve le gouvernement tibétain en exil. C’est un grand bol d’air frais a 2000m d altitude, avec des panoramas superbes, des blancs bizarres un peu partout (des hippies aux convertis au bouddhisme) et une ambiance tibétaine de calme et d’hospitalité. Je voulais absolument qu’on y aille ce week-end-là car le Dalai-Lama faisait une séance d’enseignement. On n’a pas pu y assister car c’était réservé aux tibétains mais on a eu notre Cannes a nous, à attendre Sa Sainteté monter le tapis rouge. C’est pour moi un modèle de sagesse, de calme et d’humanisme que j’admire beaucoup, et il m’a suffit de l’apercevoir quelques secondes sourire à la foule et monter gaillardement les marches pour être conquise. Après avoir profite de l’ambiance sereine de Dharamsala, direction Amritsar en bus (7h de trajet) pour y rejoindre Laure, une doctorante du CSH et Sarah, la sœur de Matthieu. J’ai fermé les yeux pendant presque tout le voyage car le chauffeur dévalait les pentes à toute vitesse et doublait dangereusement dans les virages. Soulagement à l’arrivée a Amritsar qui ne dure pas longtemps : il fait chaud, très chaud, c’est bruyant, très bruyant et il y a du monde, beaucoup beaucoup beaucoup de monde. Amritsar est connue pour son « Golden temple », le plus grand lieu de pèlerinage de la religion sikh. Je vous ai fait un diaporama pour tenter de vous décrire l’ambiance car c’est tellement fou qu’il faut le voir en images ! Il y a des pèlerins partout, tout le monde dort et mange gratuitement a cote du temple dans une ambiance de camping à l’indienne. Ils servent environ 60 000 à 80 000 repas...par jour (et gratuits!). Les indiens ont ps arrêté de nous prendre en photo, c'est étrange d'être touriste et de se faire mitrailler. Le soir, nous sommes allés a la frontière avec le Pakistan pour voir la cérémonie de fermeture des portes. Tout un show ! Après quelques heures d’attente dans la foule a se faire bousculer et a baigner dans la transpiration collective, on accède aux gradins (avec des places VIP pour les étrangers) côté indien. Côté indien : une foule immense, des femmes qui dansent sur les musiques de Bollywood, une ambiance de stade de foot. Cote Pakistanais : les femmes voilées séparées des hommes sur des gradins assez vides, des musiques religieuses et pour chauffer le tout, des slogans « Allah est grand ». Une grille qui sépare deux pays qui se détestent deux mondes différents a quelques mètres l,un de l’autre. Sarah a quand même glisse après avoir observe les pakistanais a la jumelle : "de près, ils font moins peur". N’empêche, le Pakistan, ca fait pas envie. Nuit courte dans la tumulte du temple, réveil a l’aube en pensant avoir un peu de calme pour visiter le temple, mais les pèlerins ne semblent jamais dormir. On se rabat sur la visite d’autres temples dans la ville, dont un temple hindou très étrange (il ressemblait a la maison du rire dans les fêtes foraines, avec des tunnels, des passages dans l’eau, des salles de mirroirs…). Retour en train, toujours épique (avec des personnes qui n’ont pas leur billets, ou qui se sont trompés et une odeur d’urine constante). Bon je voulais blablater dix fois plus que ca mais bon, il ne faut pas que je me noie dans les détails ! (même si c’est les détails qui créent cette ambiance).

mardi 31 mai 2011

Quelques mots sur Delhi


Delhi, c’est un brouhaha permanent, de la pollution, du monde. Mais c’est aussi une très belle ville, avec des gens aimables pour la grande majorité,  et surtout avec une grande diversité de lieux. Delhi ca ressemble un peu à un patchwork de petites villes qu’on aurait mis ensembles. On peut passer de Chanyakapuri, ses ambassades et ses routes spacieuses à Nizamuddin, sa foule et ses fideles en passant par Old Delhi, ses monuments et ses couleurs et par Defence colony, ses expats et ses bons restos. Bref, il y a une multitude de Delhi. Grande diversité de lieux mais aussi de richesse, de propreté (du parc  nickel de Lodi Garden aux déchetteries au coin de chaque rue) et de religion. Quelques photos (je mettrai des légendes a l’occasion).

mercredi 25 mai 2011

Inégalités en Inde (1): Qu'est-ce qu'être pauvre?

Aujourd'hui je me décide enfin à commencer une série de posts sur ce qu'il y a de plus frappant ici: la pauvreté. Je n'avais pas mis tant de temps à vous parler des bidonvilles de Manille ou des camps de réfugiés de Port-au-prince. Ici, la pauvreté est partout mais en même temps il est difficile de la décrire tant elle se manifeste de façon différente. Ce sentiment n'engage que moi mais en Inde (du moins à Delhi), la pauvreté est encore plus dure (dure dans le sens marquante, choquante) qu'ailleurs. La première chose que j'ai remarqué en atterrissant ici c'est qu'il n'y a pas vraiment de quartier de riches comme à Manille et PAP, ici avoir un bidonville juste en bas de la résidence de luxe c'est plutot normal, puisque c'est là qu'on y emploie les femmes de ménage et autres petits boulots payés trois fois rien. Je trouve pas non plus ça normal que les riches se barricadent mais ici c'est comme si c'était largement accepté (voire même, normal) qu'il y ait des gens qui soient très pauvres devant votre palier. Les castes jouent un grand rôle dans cette stratification de la société , sans pouvoir vous éclairer vraiment sur ce sujet (Eve, Hélène...help!), il semble par exemple plutôt normal d'embaucher des intouchables pour tenir un panneau d'indication à l'entrée d'un mall, parce qu'ils coutent presque le même prix que faire un panneau en dur et que ca fait de l'embauche. Il y a les pauvres et les riches de naissance, de droit pourrait-on dire. Des mesures sont progressivement prises par le gouvernement pour essayer d'enrayer ce phénomène de pauvreté des classes les plus basses, je ne connais pas assez l'Inde pour dire si ça porte ses fruits mais mon sentiment est que cette affaire de classe détermine encore aujourd'hui le niveau de vie d'un individu.
Mais avant de faire la constatation de cette pauvreté, encore faut-il savoir qu'est-ce qu'être pauvre.
L'économie se pose la question depuis des lustres, nombre d'intellectuels parmi les meilleurs au monde se sont penchés sur la question. En Inde, un pauvre est quelq'un dont les revenus se situent en dessous du seuil de pauvreté, calculé à partir du prix de la nourriture pour atteindre un certain nombre de calories. En Uttar Pradesh (là où se trouve Palanpur), le seuil de pauvreté est à 650 Rs par mois par personne. Pour vous donner un ordre de grandeur, c'est ce que je dépense pour 6 repas (et je ne mange pas dans des restos de luxe!). Autant vous dire que c'est plus un seuil de survie que de pauvreté (ca ne comprend ni l'éducation, ni la santé, ni rien du tout en fait). Certes c'est utile pour les politiques publiques de définir ce qu'est un pauvre mais honnêtement cet exercice relève plus de la branlette intellectuelle que de quoi que ce soit de réaliste.
Un pauvre, pour moi, c'est d'abord quelqu'un qui n'a pas de perspective optimiste à moyen et long terme. C'est quelqu'un qui est dans la merde et qui va y rester. Quelqu'un qui n'a pas le moyens, dans l'état actuel des choses, d'améliorer sa situation. C'est l'enfant qui vient vous vendre des roses au lieu d'aller à l'école. C'est la mère de famille avec deux enfants dans les bras qui vous attend la main tendue au feu rouge. C'est les centaines de personnes que vous apercevez, à l'aube, lorsque vous vous levez tot pour partir en week-end, qui sont recroquevillées dans leur draps sur le trottoir pour chercher un peu de sommeil. C'est le père de famille, à Palanpur, qui vend à moitié prix toutes les vaches qu'il vient d'acheter avec ses économies pour payer en urgence les frais médicaux de sa fille mourante. C'est les milliers d'individus qui vivent sur les poubelles. C'est la grande majorité de l'Inde. On croise sans arrêt dans la rue des gens extrêmement maigres et haillons, dont la peau flétrie porte le fardeau de la pauvreté. Et alors on est bien contents d'être du bon côté de la vie. J'aurais aimé mettre une photo pour ce post, mais difficile de mettre une image sur "la pauvreté" (sans en plus faire de voyeurisme). A défaut de l'avoir (elle a été supprimée par inadvertance de mon appareil photo) je vais vous décrire celle que je voulais mettre. C'était chez nous, à Lajpat Nagar, un jour de fête (on a pas compris en quelle occasion mais bon) et de liesse populaire. Et la, de derrière les poubelles, surgit un petit garçon de 6-7 ans avec des tonnes de ballons de toutes les couleurs gonflés à l'hélium dans les mains. Ce n'était pas un enfant particulièrement gâté, c'était un enfant qui allait tenter de convaincre les adultes d'acheter ses ballons pour faire plaisir à leurs enfants. C'est un petit qui n'a pas d'enfance et qui risque bien de ne pas avoir d'avenir si rien n'est fait. La photo n'est plus dans mon appareil mais elle restera bien longtemps dans ma tête.
ps: je vous conseille l'article "main d'oeuvre" très bien écrit (la qualité de son blog n'a rien à voir avec le mien :-P) : http://lintegraledunederive.blogspot.com/

lundi 23 mai 2011

Shimla, les montagnes et la fraicheur.


Changement d'altitude, changement d'air, changement d'ambiance et changement de team de voyage étaient au programme ce week-end. Je suis partie à Shimla dans l'Himachal Pradesh (à 2000m d'altitude) avec Clément, un scube de deux promotions au-dessus rencontré à Delhi (oui, le monde est petit) et des amis français à lui. J'étais un peu la gamine du groupe (la plupart ont la trentaine) et j'ai pas le même pouvoir d'achat qu'eux (alala l'expatriation quelle belle vie) mais le temps d'un week-end c'était vraiment sympa. Organiser un week-end pour 11 personnes en Inde c'est tout un art, et c'est Coraline, experte en la matière, qui s'y est collée. On est allés dans un éco-camping très propre (il y avait des toilettes et une douche en dur dans la tente :-P) au milieu de la pinède, avec un personnel adorable au petit soins. C'est un changement de décor très brutal loin de la tumulte de Delhi mais ca fait un bien fou. On a fait un week-end tranquille à faire des balades, discuter et raconter des blagues. La ville de Shimla est étrange, c'était l'ancienne station de vacances des britanniques, des maisonnettes de style alsacien cotoient des boutiques de luxe et des des attractions en tout genre pour les touristes indiens de Delhi (dont la location de poussettes pour enfant avec clavier-piano intégré...).Mais surtout, la chose qui choque le plus c'est la propreté. Et pour cause, avec l'amende de 5000 roupies (90 euros environ) pour un papier jeté par terre ou un crachat, ca ne donne pas envie de salir! Le soir au camping il y avait une classe verte d'enfants de Delhi, c'était vraiment marrant la "boum" en mode indienne. La nuit dans la tente a été un peu mouvementée parce qu'on a été reveillés en sursaut pas des bruits fracassants d'animaux qui se battaient juste à côté de nous, on a fermé la fermeture éclair qui nous séparait de la petite salle de bain et on s'est rendormis. Le matin il y avait plein d'excréments dans la pièce et des poils. Après avoir imaginé toutes les possibilités (des singes, des chiens, une blague des enfants, et même des léopards(ça c'était mon idée :-P)), je pense que l'explication la plus sensée (sensée est un grand mot) est le singe qui a voulu sauter sur un chat a l'extérieur de la tente et le chat est rentré se cacher dans notre salle de bain...Petite anecdote inutile (Matthieu pas besoin de mettre encore un commentaire stupide) mais bref, on a eu bien peur. Pour faire une partie du chemin jusqu'à Delhi, on a pris un petit train (qui ressemblait à un train des playmobils) classé au patrimoine de l'UNESCO, on dirait vraiment un jouet c'est tout mignon. Il serpente autour des montagnes, passe par plein de tunnels, longe des falaises, tout un voyage vraiment magnifique, le clou du week-end, la magie y était (pompom sur le gateau: le service impeccable dans chaque wagon avec thé, cookies, puis repas complet). Sur ce, les photos (pas a la hauteur de la réalité...)!

mardi 17 mai 2011

Rishikesh sans yoga et sans joint

Ce week-end on a décidé de partir 3 jours à Rishikesh,au Nord de l'Inde (mais à seulement 300m d'altitude). C'est une ville connue pour ses nombreux cours de Yoga et le fait que fumer la marijuana y soit considéré comme tout à fait normal et banal. On a fait ni l'un ni l'autre mais j'ai quand même des choses à vous raconter!
Tout a commencé par un bus. A chaque fois que je prend un bus en voyage c'est le bazar, mais celui-là bat tous les records. On avait réservé un bus de la compagnie "RedBus", qui nous avait donné rdv à un certain endroit (perdu) à une certaine heure, avec des numéros de sièges. Après 1h30 d'attente sans voir l'ombre d'un bus "redbus", je regarde les clauses du ticket. Un petit apercu de ce que j'y ai trouvé : "redbus does not operate bus services of its own.redBus' advice to customers is to choose bus operators they are aware of and whose service they are comfortable with."5a quoi servent les numéros de place alors???). Puis une liste exhaustive de tout ce que la responsabilité de Redbus n'inclut pas, comme "The bus operator changing a customer's seat at the last minute to accommodate a lady / child (traduction: si un une femme avec 3 gosses se pointe, laisse tomber ton voyage). Je vous en passe!Finalement on a trouvé un bus où le luxe de la clim faisait qu'on se les gelait. Finalement, à l'aube, Rishikesh, enfin! c'est une jolie petite ville au bord du Gange (qui est propre!, avec des petites plages et une ambiance relax. Il y a des ponts suspendus où sur le peu d'espace se croisent les habitants, les touristes, les singes, les vaches et les chevaux. Au programme du week-end: cascades, rafting (dans un bateau d'indiens qui ne savaient pas nager mais très enthousiastes :-D), restos à se casser le bide puis on a quitté rishikesh pour Chilla, un village pommé au milieu d'une réserve animalière. Il n'y avait pas de touristes à part un couple hollandais dans la seule auberge. Le parc naturel compte plus de 400 éléphants, 250 léopards, 600 espèces d'oiseaux, 35 tigres, de nombreuses biches. On est partis à pied à 5h du matin avec un guide en toute illégalité (puisque c'était apparemment pas permis de faire des safaris à pied et qu'en plus on était même pas dans la partie du parc qui était surveillée. C'était très chouette, il faisait frais, il n'y avait pas de bruit et nous avons vu une multitude de biches, cerfs et oiseaux. Le guide nous a raconté qu'il s'est fait attaquer par des hyènes plusieurs fois et qu'il avait du monter dans les arbres mais il nous a quand même emmenés sur "la colline des hyènes" pour qu'on ait une chance de les voir. Il penchait la tête au-dessus des terriers pour voir si elles étaient là mais je préfèrais pas qu'elles le soient (ne serait-ce que parce que je ne sais pas monter aux arbres...). On ne les as pas vues mais l'ambiance était là, avec tous les os et les crânes de biches entassés devant l'entrée des grottes. Apparemment en jeep c'est courant de pouvoir apercevoir les éléphants (mais comme c'est la saison des amours il leur arrive de charger les jeeps...) et les léopards mais ce sera pour une autre fois! On a ensuite fini la journée à Hardiwar. Les gens là-bas sont COOOOONNNNNSSSSS (pas tous surement mais en tout cas tous ceux qu'on a vu), il n'y a pas de touristes, il n'y a rien de particulier à faire la gare pour le train et pourtant quand on est blancs ils nous annoncent TOUS des prix aberrants (on a eu du 200 roupies quand le vrai prix était 15...). C'était très énervant et on en est partis avec une mauvaise image de la ville, je n'y retournerai pas.
Je vous met quelques photos!

lundi 9 mai 2011

"Health is no price" Pushpa

Petite citation de notre femme de ménage au CSH qui m'a fait tout un discours sur le fait que j'avais acheté des récipients en plastiques bas-de-gamme pour mettre nos repas le midi et non pas des tuperwares (qui apparemment sont plus surs niveau santé) et cela pour une question d'argent.

Bon, comme il faut bien que j’en parle de temps en temps vu que ca représente plus de la moitié de mon temps ici, un petit post sur le stage. J’ai terminé le travail sur le calcul des revenus et j’ai demandé à mon maitre de stage si je pouvais analyser les données collectées sur la santé dans le village pour la suite du stage. En effet, j’ai remarqué que les dépenses en santé de ces villageois sont énormes et que quasiment tous souffrent d’une pathologie plus ou moins grave. En Inde les données indiquent que la santé est la deuxième cause d’endettement des ménages après la dot, mais c’est pourtant peu étudié jusqu’ici. Cela fait donc une semaine que je fais le travail « chiant » sur excel puis STATA de trier les données, vérifier qu’il n’y a pas d’erreur (et il y en a !, c’est un travail minutieux….et la patience ce n’est pas mon truc !), rassembler les différentes données. Pour vous donner un exemple, sur l’étude de la santé il n’y avait pas le numéro qui caractérise chaque individu, seulement son prénom et le numéro de sa famille. Or si je veux ajouter d’autres données a mes régressions (type l’âge, la caste…) il faudra que j’aille les chercher dans des dossiers ou le seul moyen que STATA ait d’associer les bonnes personnes entre les deux dossiers est le numéro de l’individu ou son prénom. Or comme les prénoms  sont écrits en anglais, ce qui n’a pas vraiment de sens pour les villageois, ils sont écrits dans chaque dossier avec une orthographe différente. J’ai donc passé bien 4 jours à associer un nom a un autre afin d’ensuite pouvoir rendre leur numéro aux personnes interviewées sur la santé. Par exemple, « Pretty » peut s’ecrire « Priti », « Pretti », « Preti », « Pity », « Preeti », « Pre-ti »…. Ca m’a gonfléeeeeee ! Du coup, j’apportais mes écouteurs et je me mettais le 6-9 d’NRJ dans les oreilles histoire que ca paraisse moins ennuyeux :-D. M’enfin du coup j’en ai appris beaucoup sur toutes les maladies ici, et Dieu sait qu’il y en a : malaria, tuberculose, hémorroïdes, typhoïde, lèpre, diarrhées, vers… et des  enfants qui meurent a la naissance (quand ce n’est pas la mère…).  Maintenant que la partie traitement de données est finie, je vais pouvoir appliquer des modèles économiques  pour comprendre quelle part du revenue qui part dans la santé, est-ce que les plus pauvres dépensent plus, comment font-ils pour trouver l’argent (par exemple certains vendent des bœufs, ce qui les enferme dans une spirale de pauvreté). Il est aussi intéressant de voir quelle est la place des infrastructures gouvernementales (ou normalement tout est gratuit, mais corruption oblige…) dans le choix de soins, parce que jusqu’a présent j ai remarqué que même les plus pauvres préfèrent s’endetter et aller dans un hôpital privé plutôt qu’au centre de soins public. Ensuite, si j’ai le temps je comparerai les données de ce village a celles de l’Inde en général. Puis ce que j’aimerais bien faire aussi c’est voir s’il y a certains facteurs qui font qu’une personne est plus malade qu’une autre, j’ai des données sur la malnutrition, sur les systèmes d’irrigation, de toilettes…Bref, je ne vais pas chômer !


lundi 2 mai 2011


Je continue ma série sur les choses que je trouve bizarres ici, qui me surprennent positivement ou négativement:
- chez nous c'est "qui part à la chasse perd sa place". Ici pas besoin de partir à la chasse pour la perdre, doubler est quelque chose de très commun. Disons même que tout le monde le fait sans que ça ne semble gêner personne. Du coup, quand les indiens font la queue , il mettent la main sur l'épaule de devant ou la collent de façon à ce que personne ne puisse se mettre entre les deux. Deux minutes inattention et vous avez 3 nouvelles personnes devant vous.

- les indiens ont de l'humour, ils aiment bien blaguer, ce qui est plutot sympa. Du chauffeur de cycle-rickshaw (un vélo avec de la place pour s'assoir derrière) qui vous dit "Cycle-rickshaw with air-conditionned" aux conducteurs d'auto-rickshaw pour qui l'humour est une bonne façon de vous dire qu'il est sympa et donc être plus enclin à accepter un prix "touriste" en passant par les restos (sur la photo le menu d'un resto très sérieux, où la description du "chicken tikka" aide beaucoup), tout est bon pour blaguer

- Merci, s'il vous plaît, ca n'existe pas vraiment ici. Quand on a fini une conversation, un "OK" avec le petit mouvement si caractéristique de tête suffit.

- il y a des croix gammées partout, on comprend pas trop ce que c'est, ca doit avoir une signification autre que celle que l'on connaît mais pour l'instant on a pas trouvé quoi! Puis quand on sait qu'ici on trouve "Mein Kampf" dans toutes les librairies, c'est bizarre!

dimanche 1 mai 2011

Nightlife de ceux qui en ont les moyens (dont moi) à Delhi


Bon, en soit sortir en boîte ca mériterait pas un post mais je vais quand même vous raconter cette soirée parce que déjà c'est la première fois que je sortais dans un endroit branché ici et deuxièmement parce que je pense que cette soirée restera dans ma mémoire! Ceux qui me connaissent savent que j'aime clubber (pour mamie: clubber = aller en boîte de nuit). Donc, fidèle à moi-même, je me suis dit qu'il fallait au moins que je sorte une fois pour voir à quoi ressemblent les discothèques ici. Avec Maelle, une fille de Sc Po en 3A à Delhi, on est donc allée dans une des boîtes les plus branchée et fréquentée par les richous de Delhi (et par les expats). Déjà, on s'est perdus pour y aller, et les indiens sont comme les philippins, si ils savent pas où c'est, ils vous indiquent une destination bidon. Du coup on commencait à s'agacer et un couple de jeune qui parlaient anglais nous on proposé de nous emmener en voiture, et comme ils avaient l'air honnête, on est montées. Habillée un peu comme une plouc, on rentre sans problème, sans payer, et on nous met un petit tampon rouge, qui, sans qu'on ne demande rien, nous permet d'accéder à l'espace VIP. Avec Maelle on se dit qu'on va avoir la côte, de mon expérience aux Philippines, la peau blanche ça passe pas inapercu. On va donc se sentir regardées et belleeeeees. Erreur. On a débarqué dans LA soirée intitulée "Models", et effectivement, à 22h, une vingtaine de top modèles ukrainiennes en mini jupe ont débarqué. C'est raté, concurrence déloyale! Le manager de ces demoiselles qui est belge nous entend parler en français et vient à notre rencontre, nous offre à boire (comme les modèles ont boissons gratuites, il est allé au comptoir avec nous deux et a réussi à faire gober au barman qu'on était des top modèles, je sais pas si le barman avait des problèmes de vue m'enfin!) et nous présente au gratin. On rencontre une autre manager, une française de 40 ans super blasée, qui nous explique "ces filles c'est que des putes, regarde-là elle avec son I-phone, elle a du coucher pour qu'on lui offre" et de rajouter "elles sont même pas belles, avec un salaire de 600 à 1000 dollars par mois on peut pas s'offrir de vraie mannequins, celles-là elles ont rien dans le cerveau c'est des puuuuuutes!". Ca nous a bien fait rire, de voir l'envers du décor. Ils ont pris notre numéro et nous ont dit qu'ils nous inviteraient dans leurs soirées branchées. Mwouais. Ensuite on est allé danser comme des tarées dans l'espace non-VIP sur des musiques de Bollywood remixées (ce qui est A-T-R-O-C-E) et on a papoté avec des indiens. Bref, c'est très étrange ce contraste d'une telle richesse avec la réalité quand on met un pied dehors, mais c'était une expérience intéressante. Je vous met des photos asap.